La vaste mobilisation des réservistes de Tsahal en raison du conflit Israël-Hamas a profondément affecté le marché du travail du pays, selon une étude publiée dimanche par le groupe de réflexion de l'Institut israélien de la démocratie (IDI). S'appuyant sur les données fournies par le Bureau central des statistiques, l'étude met en évidence l'ampleur sans précédent des devoirs de réserve et ses répercussions à la fois sur les réservistes et les employeurs.
Des perturbations sans précédent sur le marché du travail
« L'ampleur du devoir de réserve observé pendant la guerre entre Israël et le Hamas est sans précédent au moins au cours des dernières décennies, et constitue un lourd fardeau à la fois pour les réservistes et les employeurs », indique le rapport de l'IDI. Avant octobre 2023, moins de 0,1 % des heures de travail étaient perdues en raison du service de réserve. Cependant, rien qu'en octobre, ce chiffre a grimpé à 5 % de l'ensemble des heures de travail.
Entre janvier et septembre 2023, 3 200 travailleurs en moyenne ont été absents de leur travail chaque mois en raison du service de réserve, généralement pour des périodes inférieures à une semaine. À l’opposé, d’octobre à décembre 2023, 130 000 travailleurs en moyenne étaient absents par mois, la plupart étant absents pendant tout le mois. Même si le nombre de réservistes a diminué au cours du conflit, il reste nettement supérieur aux niveaux d'avant-guerre.
Impact économique et tensions sur les ménages
Calculer l'impact économique précis sur le produit intérieur brut (PIB) du pays est un défi, dans la mesure où les salaires des réservistes de Tsahal sont inclus dans les calculs du PIB, compensant en partie les dégâts grâce aux dépenses publiques. Cependant, l'IDI estime qu'une année de droits de réserve au niveau actuel coûterait environ 7,9 milliards de shekels, soit environ 0,64 % de la production des entreprises.
Le coût moyen par réserviste est estimé à 45 000 NIS par mois, sur la base des calculs du ministère des Finances. « En termes du seul budget de l'État, les dépenses d'indemnisation des réservistes en 2023 ont atteint 8,2 milliards de NIS, et en 2024, près de 4 milliards de NIS supplémentaires ont été budgétisés, probablement de manière insuffisante », note le rapport.
Le service de réserve prolongé a également eu des impacts significatifs sur les ménages, affectant indirectement le marché du travail. Fin 2023, les conjoints d’environ 5 % des femmes juives non haredi étaient en service de réserve. Ce pourcentage est tombé à environ 1,3 % au cours de l’année 2024.
« Cela se traduit par plus de 20 000 foyers dans lesquels l'un ou les deux parents sont absents depuis plusieurs mois, à un âge où de nombreux couples élèvent de jeunes enfants », souligne le rapport.
Appels à une participation plus large au service de réserve
L’IDI suggère que des efforts soient déployés pour accroître la part de la population effectuant des tâches de réserve. Cela pourrait impliquer d’encourager le volontariat parmi les Arabes israéliens ou d’augmenter la conscription obligatoire pour la communauté Haredi (ultra-orthodoxe). De telles mesures pourraient contribuer à répartir le fardeau plus équitablement au sein de la société et à alléger certaines tensions sur le marché du travail.
L’Université de Tel Aviv soutient les étudiants réservistes
En réponse aux défis auxquels sont confrontés les réservistes, l'Université de Tel Aviv a annoncé que plus de 1 000 étudiants de première année ayant servi au moins 30 jours en service de réserve depuis le début de 2024 bénéficieront d'une réduction de 2 500 NIS sur les frais de scolarité, ce qui représente environ 25 % du revenu. leurs frais de scolarité pour l’année universitaire en cours.
L'université avait initialement annoncé cette initiative il y a trois mois. Le processus d'inscription étant désormais terminé, cela confirme que les étudiants réservistes, hommes et femmes, bénéficieront du programme. Reconnaissant que la première année universitaire peut être particulièrement difficile, en particulier pour ceux qui quittent le service actif, la réduction des frais de scolarité vise à alléger le fardeau financier et à permettre aux étudiants de se concentrer davantage sur leurs études.
Cette réduction complète une décision antérieure de l'université d'accepter des centaines de soldats de réserve dans des programmes de première année de premier cycle grâce à une nouvelle voie d'admission qui ne nécessite pas d'examen d'entrée. Cet itinéraire est disponible dans tous les domaines d’études du campus.
Un engagement à soutenir les réservistes
L’Université de Tel Aviv souligne que ces mesures reflètent son profond engagement envers les réservistes de Tsahal et leur réussite académique. « Nous sommes conscients des défis académiques et financiers qui se posent à eux en raison de leur service, depuis la phase d'admission jusqu'à leur première expérience universitaire », a déclaré un porte-parole de l'université.
En ajustant les processus d'admission et en fournissant un soutien financier, l'université vise à faciliter l'intégration réussie des étudiants réservistes dans la vie universitaire, en reconnaissant leurs contributions significatives à la sécurité nationale.