Le Qatar a décidé de mettre fin à son rôle de médiateur entre Israël et le Hamas après des mois de négociations au point mort sur un cessez-le-feu à Gaza et un accord de libération des otages, a confirmé au Times of Israel un diplomate proche du dossier. La décision, prise indépendamment par le Qatar, marque un changement important dans l'approche diplomatique de l'État du Golfe, compte tenu notamment de son rôle de longue date dans la facilitation des pourparlers entre les deux parties.
Samedi, le Qatar a officiellement confirmé la cessation de ses efforts de médiation, mais a présenté la décision comme potentiellement réversible, en fonction de la volonté des deux parties de reprendre des négociations de bonne foi. Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a également contesté les informations des médias suggérant que le pays avait fermé le bureau du Hamas à Doha, sans toutefois nier explicitement qu'une telle mesure avait été prise. Le diplomate a révélé que le Qatar avait pris cette décision en raison du manque de progrès dans les négociations, qui étaient de plus en plus considérées comme motivées par des considérations politiques plutôt que par une véritable tentative de garantir la paix.
Le changement dans la médiation
Le Qatar accueille les dirigeants du Hamas à Doha depuis 2012, après que le groupe a déplacé son siège de Damas au milieu de la guerre civile syrienne. Au fil des années, le Qatar a servi d’intermédiaire clé dans divers accords de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, notamment la conclusion d’un accord d’une semaine en novembre dernier. Cependant, les récentes négociations sont au point mort, Israël et le Hamas étant accusés d’utiliser les négociations à des fins politiques plutôt que de travailler à une véritable résolution.
Le diplomate a expliqué qu'Israël et le Hamas avaient renoncé à plusieurs reprises aux engagements pris lors des négociations. À mesure que la situation devenait plus politisée, le Qatar a déterminé qu’il ne pouvait plus servir de médiateur efficace. « Si les deux parties ne sont pas disposées à négocier sérieusement, le Qatar n'a aucune raison de continuer à accueillir le Hamas », a déclaré le diplomate.
Influence américaine et décision du Qatar
Les États-Unis ont joué un rôle dans la décision du Qatar de mettre fin à ses efforts de médiation. Un haut responsable américain a confirmé que Washington avait informé Doha que la présence du Hamas au Qatar n'était plus acceptable, en particulier après que le groupe terroriste a rejeté plusieurs propositions de cessez-le-feu et a continué à détenir des otages. L'administration Biden avait fait pression sur le Qatar pour qu'il expulse les responsables du Hamas, marquant un changement dans la politique américaine suite au refus du groupe de faire des concessions significatives.
L’expulsion du Hamas du Qatar peut également refléter une dynamique régionale plus large, d’autant plus que le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, est confronté à des menaces croissantes de la part d’Israël et d’autres pays. Le diplomate a émis l'hypothèse qu'à la suite du récent assassinat de Haniyeh à Téhéran, des responsables du Hamas pourraient s'installer en Turquie, ce qui pourrait compliquer la position d'Ankara, en particulier compte tenu de la position des États-Unis qui ne permettent pas à leurs alliés d'héberger le groupe.
Le chemin à parcourir
Même si la décision du Qatar de mettre fin à la médiation a été présentée comme étant réversible, la probabilité de reprise des pourparlers dépend de la question de savoir si Israël et le Hamas font preuve d'un véritable désir de paix. L'implication du Qatar dans les futures négociations reste incertaine, même s'il a indiqué qu'il continuerait à promouvoir des solutions humanitaires à Gaza et à travailler avec d'autres acteurs régionaux, comme l'Égypte, qui entretiennent des contacts avec le Hamas.
Israël a salué la décision du Qatar, un responsable du bureau de Netanyahu déclarant qu'aucun pays ne devrait abriter le Hamas. Le gouvernement israélien considère la décision du Qatar comme une étape vers l'isolement du groupe et le pousser à faire des concessions. Cependant, un haut responsable du Hamas a contredit les informations selon lesquelles on leur aurait demandé de partir, suggérant qu'aucune directive formelle n'avait été émise.
Le point de vue américain
Du point de vue américain, le Qatar a été un médiateur inestimable, mais ses relations avec le Hamas sont devenues de plus en plus intenables après les actions du groupe à Gaza. Un responsable américain a noté que le refus persistant du Hamas de s'engager dans des pourparlers de paix significatifs sapait les efforts de médiation, et que l'expulsion de ses dirigeants était considérée comme une étape nécessaire pour contraindre le Hamas à modifier sa position.
L’administration Biden continue d’explorer d’autres voies pour obtenir la libération des otages et mettre fin à la guerre à Gaza, notamment en tirant parti des sanctions américaines et de la pression diplomatique. La récente expulsion du Hamas du Qatar, ainsi que d’autres efforts, font partie d’une stratégie plus large visant à amener le groupe à la table des négociations.