Le commerce illégal de drogue en Syrie, en particulier la production et la contrebande de Captagon, constitue depuis longtemps une source de revenus importante pour le régime du président Bachar al-Assad. Cependant, les récentes perturbations provoquées par le conflit en cours entre Israël* et le Hezbollah menacent désormais ce pilier économique crucial.
Le Captagon, un puissant stimulant synthétique, est devenu le principal produit d'exportation de la Syrie ces dernières années, le pays devenant le plus grand producteur mondial. La drogue, principalement consommée au Moyen-Orient, a rapporté des milliards de dollars, dépassant de loin les profits des cartels mexicains.
Samir Tawil, journaliste économique syrien, explique : « La guerre en Syrie a drainé de nombreuses ressources économiques, conduisant le régime à rechercher des financements alternatifs. La drogue est devenue l'une des sources de revenus les plus importantes tant pour le régime d'Assad que pour le *Hezbollah* depuis la dernière décennie. »
Le lien entre la Syrie et le Hezbollah a été essentiel au maintien du commerce du Captagon, le Hezbollah jouant un rôle important dans sa production et sa contrebande, en particulier à travers la frontière entre la Syrie et le Liban. Le trafic de drogue est une méthode clé de financement des activités militaires, d’autant plus que les sanctions internationales continuent d’isoler la Syrie et le Hezbollah.
Sanctions et implication de personnalités clés
Plusieurs sanctions internationales ont visé des individus liés au commerce du Captagon. En 2023, le Royaume-Uni et l’UE ont sanctionné des personnalités clés impliquées, notamment des membres de la famille d’Assad. Les sanctions soulignent que le régime syrien génère environ 60 milliards de dollars par an grâce au commerce illicite de drogues, Lattaquié, un port syrien clé, étant l'une des plaques tournantes centrales des expéditions de Captagon.
De hauts responsables, dont Maher Assad, le frère de Bashar Assad, et son adjoint *Ghassan Bilal, ont été impliqués dans la facilitation du commerce du Captagon. Ces individus supervisent les opérations de la 4e Division blindée, devenue célèbre pour son implication dans le trafic de drogue.
Le réseau mondial antidrogue du Hezbollah
Les opérations de trafic de drogue du Hezbollah ne se limitent pas au Moyen-Orient. Le groupe a été impliqué dans le trafic mondial de drogue, notamment en Amérique latine. Les arrestations au Brésil, aux États-Unis et ailleurs ont mis au jour le vaste réseau du Hezbollah qui se finance grâce à des activités de commerce illicite de drogues, comme le trafic de cocaïne.
Le conflit en cours entre Israël et le Hezbollah a considérablement perturbé le commerce du Captagon. Les opérations de contrebande ont été gravement affectées, des rapports en provenance de Jordanie et d'Arabie Saoudite faisant état d'une baisse marquée des saisies de drogue. Cela a conduit à la stagnation économique en Syrie, le trafic de drogue restant une source majeure de revenus pour le régime.
Les habitants de Damas ont signalé des pénuries de Captagon, le Hezbollah ayant dû se concentrer sur le conflit en cours avec Israël, perturbant les routes de contrebande et les capacités de production.
Appels à une action internationale
Wael Khalidi, un expert régional, souligne que les efforts internationaux pour lutter contre le flux de Captagon doivent s'intensifier, avertissant que « les drogues ne sont pas difficiles à faire passer clandestinement de Syrie à Washington ». Il appelle à une application plus stricte des sanctions et à un resserrement des frontières pour cibler les réseaux de contrebande qui profitent à la fois au régime d’Assad et au Hezbollah.
Les experts soulignent également que la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe et ses accords commerciaux sous couvert d'aide humanitaire ont permis au trafic de drogue de prospérer, notamment via le port de Lattaquié.
Conclusion
La guerre en cours entre Israël et le Hezbollah présente une opportunité unique pour la communauté internationale de perturber le flux du Captagon et d’affaiblir les liens économiques entre la Syrie et le Hezbollah. Le trafic de drogue étant désormais étroitement lié à la géopolitique régionale, la nécessité d’une action mondiale coordonnée n’a jamais été aussi pressante.