Le Liban a exprimé une opinion positive à l'égard de la proposition de cessez-le-feu américaine visant à mettre un terme aux hostilités entre le Hezbollah et Israël, comme l'a révélé un rapport du média LBCI. L'ambassadrice américaine au Liban, Lisa Johnson, a présenté la proposition la semaine dernière, et l'envoyé spécial américain Amos Hochstein devrait se rendre au Liban mardi pour discuter des conditions plus en détail.
Bien que le Liban n’ait pas encore accepté l’offre de cessez-le-feu, il a reconnu la proposition comme une étape constructive. Cela est particulièrement significatif alors que le Hezbollah et Israël sont engagés dans des combats transfrontaliers depuis plus d'un an, encore compliqués par le conflit simultané entre Israël et le Hamas à Gaza. Le président américain Joe Biden entend mettre en œuvre le cessez-le-feu avant la fin de son mandat, le 20 janvier 2025.
Résolution de sécurité 1701 de l’ONU et mécanisme d’application
L’éventuel cessez-le-feu serait probablement basé sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la *guerre du Liban de 2006* et a appelé au désarmement des acteurs non étatiques, dont le Hezbollah, dans le sud du Liban. Cependant, la résolution manque d’un mécanisme d’application clair pour garantir son respect, un problème que les États-Unis et Israël souhaitent résoudre.
Israël a souligné la nécessité d'un mécanisme coercitif pour garantir que le Hezbollah ne se réarme pas le long de la frontière nord du Liban. Cependant, le Liban et le Hezbollah se sont fermement opposés à une telle disposition, arguant que d'autres mesures devraient être explorées pour empêcher le réarmement du Hezbollah sans accorder à Israël le droit de frapper des cibles du Hezbollah au Liban.
Escalade des tensions sociales et politiques au Liban
Le conflit en cours a exacerbé les tensions internes au Liban, en particulier au sein de la communauté chiite, qui constitue la principale base de soutien du Hezbollah. *Le professeur Amatzia Baram, experte du Moyen-Orient, note que la population chiite est confrontée à des pressions sans précédent de la part de sources internes et externes, créant des fissures dans la structure de soutien auparavant inébranlable du Hezbollah.
La crise des réfugiés est un facteur majeur. Le Liban accueille actuellement environ 1,25 million de réfugiés, dont beaucoup sont des chiites fuyant les combats en cours. Ces réfugiés sont confrontés à de graves pénuries de logements et se heurtent souvent à l’hostilité d’autres communautés, notamment druzes, sunnites et chrétiennes, qui tiennent le Hezbollah pour responsable d’avoir entraîné le Liban dans le conflit.
Le déclin du soutien au Hezbollah et la montée des conflits internes
La pression sociale et politique a également atteint les rangs du Hezbollah. Les familles des membres du Hezbollah fuient leurs foyers, ce qui entraîne un mécontentement croissant parmi les combattants du groupe, qui font de plus en plus pression sur leurs commandants pour qu'ils mettent fin aux combats et retournent chez eux dans le sud du Liban.
En outre, des changements politiques internes se font sentir, comme le montre la récente décision du Courant Patriotique Libre de retirer son soutien au Hezbollah. Ce parti chrétien maronite, dirigé par Gebran Bassil, était un allié clé du Hezbollah depuis des années, mais a récemment annoncé qu'il ne pouvait plus soutenir les actions du Hezbollah, d'autant plus que le groupe poursuit une action militaire liée à Gaza plutôt que de se concentrer sur la sécurité du Liban.
Signe de discorde interne, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, *Naim Qassem, a modifié sa position sur le cessez-le-feu. Initialement, Qassem associait un cessez-le-feu au Liban à la situation à Gaza, mais il a depuis soutenu un cessez-le-feu distinct pour le Liban, signalant un changement potentiel dans la stratégie du Hezbollah visant à séparer les fronts.
Les tensions sectaires croissantes au Liban contribuent également au déclin de l’influence du Hezbollah. Les communautés druzes et chrétiennes, une fois de plus tolérantes à l’égard du Hezbollah, s’opposent de plus en plus à l’organisation, avec une résistance croissante visible dans les médias et le discours politique.