Un récent accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis a mis fin à près de 14 mois d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, le puissant groupe armé libanais. L’accord, entré en vigueur le 27 novembre 2024, marque une victoire diplomatique importante pour Israël, car il a atteint ses principaux objectifs dans le conflit. Malgré la cessation des combats, les implications de l'accord sont loin d'être simples, avec des questions persistantes sur le rôle futur du Hezbollah au Liban et sur ses relations avec l'Iran.
Les principales réalisations d'Israël
Les experts estiment qu’Israël a atteint ses principaux objectifs de guerre grâce au cessez-le-feu. L’accord affaiblit le Hezbollah à la fois militairement et politiquement, érodant la position du groupe en tant que formidable force militaire au Liban. En outre, Israël a réussi à dissocier les attaques de roquettes et de missiles du Hezbollah sur le territoire israélien du conflit en cours à Gaza, empêchant ainsi la milice libanaise d'utiliser la guerre à Gaza comme plate-forme pour de nouvelles hostilités.
La trêve mettra également fin à la présence du Hezbollah dans le sud du Liban, marquant un changement stratégique important. En tant qu'organisation terroriste désignée par les États-Unis, le départ du Hezbollah de la région frontalière sud, conformément aux termes du cessez-le-feu, représente un coup dur pour son influence dans le pays. Cependant, l’accord exige également qu’Israël retire ses propres forces terrestres du territoire libanais, une décision qui pourrait avoir des conséquences plus larges sur la dynamique régionale.
Michael Horowitz, responsable du renseignement au sein du cabinet de conseil Le Beck International, a souligné qu'Israël « a obtenu l'accord qu'il souhaitait », malgré certaines voix en Israël suggérant que le conflit aurait pu se poursuivre dans le but de vaincre complètement le Hezbollah. Horowitz a noté que l’accord conclu est l’un des meilleurs qu’Israël aurait pu espérer dans les circonstances.
L’avenir du Hezbollah : une force affaiblie mais résiliente
Bien que les efforts militaires d’Israël aient décimé la direction et l’arsenal militaire du Hezbollah, les experts préviennent que le groupe est loin d’être terminé. Matthew Levitt, expert au Washington Institute for Near East Policy, prévient que le Hezbollah reste dangereux, malgré son affaiblissement. Le groupe détient toujours un pouvoir politique important au Liban, en particulier au sein de la communauté musulmane chiite, et bénéficie d'un soutien considérable parmi certaines couches de la population.
Le discours du Hezbollah en tant que protecteur du Liban contre Israël a été gravement compromis par la guerre, mais on ne s’attend pas à ce que le groupe passe tranquillement au second plan. Les analystes prédisent que le Hezbollah sera confronté à une crise de légitimité à mesure qu’il s’adaptera aux nouvelles réalités politiques au Liban. Le groupe devra également réévaluer son leadership, qui a été critiqué pour ses faux pas stratégiques pendant le conflit.
Le facteur iranien : répit stratégique ou préparation à une confrontation future ?
L’un des aspects les plus significatifs du cessez-le-feu réside dans ses implications pour l’Iran, principal patron régional du Hezbollah. L’Iran considère depuis longtemps le Hezbollah comme un allié crucial dans sa lutte géopolitique plus large contre Israël et l’Occident. Même si le cessez-le-feu offre un répit temporaire au Hezbollah, les experts estiment que l’Iran utilisera probablement ce temps pour aider le groupe à se reconstruire et à renforcer sa position en vue de futurs affrontements.
Hamidreza Azizi, chercheur à l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, suggère que l'Iran considère le cessez-le-feu comme un « répit temporaire » qui permettra au Hezbollah de rétablir sa force. Cette période de calme pourrait permettre au Hezbollah de reprendre pied, tant militairement que politiquement, en vue de préparer de futurs conflits.
Implications régionales et mondiales
L'accord de cessez-le-feu est surveillé à la fois par les États-Unis et la France, qui superviseront sa mise en œuvre. Pour le Liban, la présence des forces américaines et françaises, dont un important contingent de maintien de la paix, pourrait être une source de tensions. Le Hezbollah et ses partisans considèrent l'Occident comme une influence déstabilisatrice, et l'Iran y voit une tentative d'affaiblir l'influence du Hezbollah au Liban.
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Abdallah Rashid Bou Habib, a toutefois souligné que l'accord était soutenu par toutes les factions libanaises, y compris le Hezbollah. Malgré cet engagement, les défis politiques et militaires persistants dans la région laissent peu de place à l’optimisme quant à la stabilité à long terme. L'engagement continu du Hezbollah dans sa « résistance » contre Israël, malgré le cessez-le-feu, suggère que les tensions dans le sud du Liban pourraient à nouveau éclater à l'avenir.