Après la chute dramatique du président syrien Bashar al-Assad, l’Iran a établi une communication directe avec les nouveaux dirigeants syriens pour empêcher un éloignement de sa sphère d’influence. Cette décision intervient dans un contexte d'inquiétudes quant à l'avenir de la position stratégique de l'Iran en Syrie et à ses ambitions régionales plus larges.
L’avancée fulgurante des groupes d’opposition, dirigés par Hayat Tahrir al-Sham, un ancien affilié d’Al-Qaïda, a marqué un tournant important au Moyen-Orient. L'éviction soudaine d'Assad a non seulement mis fin à ses 13 années de règne, mais a également affaibli l'influence de l'Iran, qui était fortement ancrée en Syrie sous le régime d'Assad. Quelques heures après la chute, les responsables iraniens ont exprimé l’espoir de maintenir des liens solides avec la Syrie, soulignant la nécessité d’un gouvernement inclusif qui représente tous les segments de la population syrienne.
Même si Téhéran reste préoccupé par l'orientation future de la politique syrienne, il se montre prudent quant à la position des nouveaux dirigeants à l'égard de l'Iran. Téhéran a activement recherché les voies diplomatiques pour dialoguer avec les nouveaux dirigeants syriens, en particulier ceux dont les opinions sont plus alignées sur les intérêts iraniens. Une Syrie hostile romprait les liens cruciaux pour l’Iran, privant notamment le Hezbollah de sa route d’approvisionnement terrestre et limitant l’accès de l’Iran à la Méditerranée et ses positions de première ligne contre Israël.
L'Iran aurait établi des contacts avec deux groupes au sein de la nouvelle direction syrienne, et des évaluations plus approfondies sont prévues. Téhéran reste prudent quant au retour du président américain Donald Trump et à l'éventuelle intensification des pressions économiques et politiques sur l'Iran, en particulier compte tenu de l'histoire de Trump avec l'Iran, notamment du retrait de l'accord nucléaire de 2015 et de l'assassinat de Qassem Soleimani en 2020.
La chute d’Assad a déjà mis en évidence la diminution de l’influence de l’Iran dans la région, d’autant plus qu’Israël poursuit ses offensives militaires contre ses alliés, le Hezbollah et le Hamas. Le soutien de longue date de l’Iran à Assad, notamment le déploiement de ses Gardiens de la révolution pour maintenir le pouvoir d’Assad, a été la pierre angulaire de « l’Axe de la résistance » de Téhéran au Moyen-Orient. Avec le départ d’Assad, l’Iran est confronté à une perte d’influence significative et il dispose désormais de deux options cruciales : se retirer ou rechercher un nouvel accord avec les États-Unis.