Le champ gazier iranien de South Pars, qui fait partie du plus grand champ gazier du monde, recèle un potentiel énergétique important avec environ 14 200 milliards de mètres cubes (Tcm) de réserves de gaz en place, ainsi que 18 milliards de barils de condensats de gaz. Partagé avec le champ qatari de North Dome, South Pars est devenu un point central des efforts du gouvernement iranien pour surmonter les sanctions et stimuler la production nationale de gaz. Avec un optimisme croissant autour du développement du champ, l'avenir de South Pars, en particulier la phase 11, reste crucial pour la stratégie énergétique de l'Iran.
Un héritage de défis et d'opportunités
La région iranienne de South Pars est un immense réservoir de 3 700 kilomètres carrés, et la phase 11 est l'un de ses principaux domaines de développement. Alors que la production a fluctué en raison de divers facteurs, notamment les sanctions et les difficultés opérationnelles, la phase 11 voit désormais la production de gaz augmenter. Selon Touraj Dehghani, PDG de Pars Oil and Gas Company, la production de la phase 11 atteindra 28 millions de mètres cubes par jour (mcm/j) dans les semaines à venir. Cela marque une étape importante pour les ambitions énergétiques du pays.
L'optimisme entourant l'avenir de la phase 11 est motivé par deux facteurs clés : la collaboration avec le Qatar et le soutien technique des partenaires étrangers, notamment de la Chine et de la Russie. En 2017, le Qatar a levé son moratoire sur la production du North Dome, acceptant des efforts de développement plus coordonnés avec l’Iran. Malgré les tensions persistantes, les deux pays ont repris les négociations pour améliorer les pratiques d’extraction dans le domaine commun. Cette coopération est cruciale pour assurer la durabilité à long terme des réserves South Pars et North Dome.
Naviguer dans les sanctions et les défis techniques
Le secteur énergétique iranien a été confronté à d'immenses défis en raison de la réimposition de sanctions, en particulier après le retrait des États-Unis du Plan d'action global commun (JCPOA) en 2018. Ces sanctions ont limité l'accès à l'expertise, à la technologie et aux équipements étrangers essentiels, entraînant des retards. en développement et une ruée vers l'extraction du gaz de manière moins structurée. Cette approche précipitée a eu un impact négatif sur l’intégrité structurelle de certains puits, réduisant potentiellement la production future.
Cependant, des efforts récents ont été déployés pour inverser cette tendance. En mars, le ministère iranien du Pétrole a finalisé un plan de 20 milliards de dollars pour construire 28 nouvelles plates-formes visant à accroître la pression sur South Pars. Bien qu’initialement menée par des entreprises locales, l’assistance technique du Qatar, de la Chine et de la Russie a été intégrée au plan. Cette collaboration internationale marque un tournant dans le développement du domaine, alors que le secteur énergétique iranien devient de plus en plus dépendant des partenaires mondiaux pour stabiliser et augmenter la production.
La poussée vers le GNL et les marchés mondiaux de l’énergie
L'objectif à long terme de l'Iran est de développer une capacité d'exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) à l'échelle mondiale, en utilisant South Pars comme source clé d'approvisionnement en gaz. Début 2026, l’Iran prévoit de démarrer la production de 1,5 million de tonnes métriques par an (mtpa) de GNL dans une installation de taille moyenne à Asaluyeh, construite sur le site du projet initial Iran LNG. Cela fait partie d’une stratégie plus large visant à intégrer le gaz naturel de South Pars et de North Pars dans un marché mondial du GNL dont l’importance a considérablement augmenté à la suite des tensions géopolitiques découlant du conflit russo-ukrainien.
Malgré les revers des entreprises occidentales, comme la sortie de Total du projet Phase 11 en 2018 en raison des sanctions américaines, les entreprises chinoises et russes ont continué à jouer un rôle important dans le développement du gaz iranien. La société russe Gazprom a notamment signé des accords clés pour aider l'Iran à achever l'infrastructure de GNL et à augmenter la production de South Pars, en offrant un soutien technique et un financement essentiels aux projets.
La route à suivre pour South Pars
Alors que l'Iran et ses partenaires mondiaux se concentrent sur la stabilisation de la phase 11 et sur l'atteinte de l'objectif de production initial de 57 Mm3/j, la poursuite du développement de South Pars sera cruciale pour atteindre les objectifs énergétiques de l'Iran. En travaillant aux côtés de pays comme le Qatar, la Chine et la Russie, l’Iran espère renforcer sa position sur le marché mondial de l’énergie, malgré les défis politiques et économiques actuels.
L'investissement de l'Iran dans la phase 11 et dans d'autres sections de South Pars offre le potentiel de remodeler son paysage énergétique, donnant un coup de pouce indispensable à ses ambitions d'exportation de GNL. Avec la demande mondiale croissante de GNL et l'implication d'acteurs internationaux clés, le secteur gazier iranien pourrait devenir un contributeur important à l'approvisionnement énergétique mondial dans les années à venir.