Les États-Unis ont plus que doublé leur présence militaire en Syrie, passant de 900 à environ 2 000 hommes, a révélé jeudi le Pentagone. Cette poussée intervient avant la chute du gouvernement du président Bachar al-Assad, marquant un changement significatif dans les opérations militaires américaines dans la région.
Dans un aveu rare, le secrétaire de presse du Pentagone, le major-général Pat Ryder, a divulgué les effectifs actualisés des troupes lors du briefing régulier, qui était la première fois que le Pentagone révélait publiquement l'ampleur de cette escalade militaire. Ryder a confirmé que des forces supplémentaires, dont la plupart proviennent de l'armée, ont été déployées pour une courte période de 30 à 90 jours afin de renforcer les efforts dans la lutte en cours contre l'Etat islamique.
L'augmentation du nombre de soldats intervient alors que les États-Unis poursuivent leur campagne contre l'État islamique en Syrie et en Irak, avec plusieurs frappes aériennes de grande envergure au cours du mois dernier. Avec l'effondrement du régime d'Assad, les forces américaines et israéliennes ont lancé une série de frappes aériennes ciblant des positions clés de l'EI qui étaient auparavant interdites en raison du contrôle du régime et de la présence militaire russe. Cela a marqué une escalade spectaculaire de l’engagement militaire américain en Syrie.
Malgré cette révélation publique, les détails sur les unités, les missions et les lieux de déploiement des troupes restent rares. Les responsables du Pentagone ont invoqué des considérations de sécurité pour expliquer le manque d'informations, compte tenu en particulier de la nature sensible des opérations militaires dans la région.
Tensions avec les forces kurdes et incident de drone
Par ailleurs, les tensions en Syrie se sont accrues entre les forces kurdes soutenues par les États-Unis et la Turquie, qui considère depuis longtemps les groupes kurdes en Syrie comme une menace pour la sécurité. Récemment, les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes ont abattu par erreur un drone américain MQ-9 Reaper, qui opérait dans le cadre de la campagne anti-EI en cours. Les États-Unis ont rapidement récupéré et détruit les restes du drone, mais l’incident a mis en évidence la complexité croissante des alliances dans la région.
La grande image
Cette poussée des forces américaines en Syrie fait partie d'une stratégie régionale plus large alors que les États-Unis et leurs alliés s'efforcent d'empêcher l'EI de combler le vide de leadership laissé par la chute du régime d'Assad. Alors que les États-Unis se sont engagés à combattre l’EI, la présence croissante des troupes américaines et des frappes aériennes dans la région complique encore davantage une situation déjà instable. De plus, la position du président élu Donald Trump contre une nouvelle implication américaine en Syrie ajoute un élément imprévisible au conflit en cours.