Pour la première fois depuis le renversement du président Bachar al-Assad en décembre, des chrétiens syriens ont assisté aux messes de Noël à Damas. L'événement a constitué un moment important pour tester l'engagement des nouveaux dirigeants islamistes à protéger les minorités religieuses, avec de nombreuses préoccupations concernant la sûreté et la sécurité des sites chrétiens.
Le service à l'église de la Dame de Damas a été marqué par une sécurité renforcée, puisque des véhicules du groupe islamiste au pouvoir Hay'at Tahrir al-Sham (HTS) étaient stationnés autour de l'église. Malgré les craintes de violence, les bancs étaient remplis d'une congrégation diversifiée, chantant des hymnes et tenant des bougies dans une démonstration de défi et de foi.
Plus tôt dans la journée, des manifestations ont éclaté à Damas, condamnant l'incendie d'un arbre de Noël à Al-Suqaylabiyah, une ville à majorité chrétienne située dans l'ouest de la Syrie. L’incendie criminel, attribué à des combattants islamistes étrangers, a suscité l’indignation de la population chrétienne locale, conduisant des centaines de personnes à défiler dans les rues en scandant « Nous sommes vos soldats, Jésus » et en appelant à la fin des attaques religieuses.
Cette attaque n’est pas le premier signe de tensions sous le nouveau régime. Le 18 décembre, des hommes armés ont ouvert le feu sur une église grecque orthodoxe à Hama, endommageant la croix de l'église et brisant les pierres tombales de son cimetière. Ces incidents ont amené de nombreuses personnes à se demander si HTS, qui était autrefois affilié à Al-Qaïda et qui considérait les chrétiens comme des infidèles, pouvait être digne de confiance pour protéger les minorités religieuses.
Abu Mohammed al-Julani, leader du HTS, a publiquement promis que les chrétiens et les autres groupes minoritaires seraient en sécurité sous leur gouvernance, affirmant que le groupe ne cherchait pas à se venger de l'ancien régime d'Assad. Cependant, de nombreux chrétiens restent sceptiques quant à ces promesses, compte tenu des récents attentats et du passé islamiste pur et dur du groupe.
En réponse à l'incendie du sapin de Noël, les autorités syriennes ont agi rapidement, s'engageant à punir les auteurs et à restaurer le sapin à temps pour la veille de Noël. Le clergé local a rencontré des représentants du HTS qui ont promis une plus grande protection et se sont excusés pour l’incident, rejetant la faute sur les combattants étrangers plutôt que sur le régime dans son ensemble. Des forces de sécurité supplémentaires ont été déployées dans les principaux quartiers chrétiens de Damas pour empêcher de nouvelles violences.
Malgré ces assurances, les manifestants, brandissant des croix et le nouveau drapeau syrien, ont exigé que les chrétiens soient respectés dans leur pays ou autorisés à partir vers des pays plus sûrs. L’incertitude persistante et le risque de nouvelles attaques ont laissé de nombreux membres de la communauté chrétienne inquiets pour leur avenir.