Les nouveaux dirigeants syriens, sous le contrôle du groupe militant islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), auraient promu plusieurs combattants étrangers à des postes militaires de haut rang, suscitant des inquiétudes dans leurs pays d'origine quant à l'exportation potentielle de la révolution et du terrorisme. Cette décision, qui concerne des personnes originaires de Macédoine du Nord, du Tadjikistan et de Chine, a alarmé les gouvernements craignant le retour des idéologies radicales et de l'instabilité.
Selon des informations de Reuters et de l'AFP, des sources syriennes ont confirmé que l'Albanais de souche Abdul Samrez Jashari de Macédoine du Nord, le citoyen tadjik Saifiddin Tojiboev et trois Ouïghours de Chine ont été nommés à des postes militaires clés. Jashari, connu pour son leadership au sein du groupe Xhemati Alban et son alignement sur HTS, aurait été nommé colonel, aux côtés d'autres ressortissants étrangers. Ces nominations mettent en évidence l’influence croissante des combattants étrangers dans le conflit en cours en Syrie et les efforts des nouveaux dirigeants pour consolider le pouvoir.
Nominations et préoccupations concernant la radicalisation
Parmi les personnes promues, Jashari, un dirigeant de Macédoine du Nord âgé de 48 ans, est bien connu pour ses liens antérieurs avec des organisations terroristes, ayant été désigné comme terroriste par le département du Trésor américain en 2016. De même, Tojiboev, un combattant tadjik , a été lié à des groupes terroristes et reste recherché dans son pays d'origine pour avoir recruté des combattants et participé à des conflits étrangers.
La préoccupation des gouvernements nationaux est que ces militants étrangers, dont beaucoup viennent de régions d'Asie centrale et des Balkans, pourraient chercher à exporter l'idéologie de HTS ou s'engager dans des actions violentes à leur retour. Les pays d’Asie centrale, en particulier, se sont montrés de plus en plus inquiets quant à la possibilité que des militants reviennent déstabiliser leur pays, craignant la résurgence d’idéologies extrémistes et la possibilité d’attaques.
HTS, dirigé par Ahmed al-Sharaa (anciennement connu sous le nom d'Abou Mohammed al-Golani), tente de transformer ses différentes factions militantes en une armée plus unifiée et plus professionnelle. Même si HTS s'est publiquement engagé à adopter des politiques plus modérées sur des questions telles que les droits des femmes et la réconciliation nationale, ses actions témoignent d'un engagement ferme à conserver le contrôle de la Syrie. Le groupe, qui faisait à l’origine partie de l’opposition au président syrien Bashar al-Assad, intègre de plus en plus de combattants étrangers, notamment de Russie, d’Asie centrale et des Balkans, depuis la montée de l’État islamique (EI) en 2014.
La « bombe à retardement » des rapatriés
Les gouvernements d’Asie centrale sont particulièrement préoccupés par la possibilité que ces combattants rentrent chez eux et propagent des idéologies radicales. Au Tadjikistan, les responsables craignent que les militants ne constituent de graves menaces pour la sécurité, une source les décrivant comme une « bombe à retardement ». Ces préoccupations ont incité les gouvernements à rapatrier les citoyens impliqués dans les conflits passés, notamment ceux de l’État islamique (EI), dans le but de les réintégrer dans la vie civile. Malgré ces efforts, les experts estiment qu’il pourrait encore y avoir des milliers de combattants étrangers en Syrie, ce qui fait craindre leur éventuel retour.
Des experts comme Aaron Zelin du Washington Institute for Near East Policy suggèrent que les nominations de combattants étrangers par HTS sont probablement motivées par le désir du groupe de consolider son contrôle sur la Syrie. En intégrant des militants étrangers dans la structure étatique syrienne et en leur offrant potentiellement la citoyenneté, HTS vise à empêcher ces individus de « travailler à leur compte » ou d’agir de manière indépendante, garantissant ainsi leur loyauté envers le nouveau régime. Cette décision peut également être considérée comme une tentative de renforcer la position du groupe alors qu'il cherche à reconstruire le pays après des années de guerre civile.
Conclusion
Le nouveau leadership syrien, dirigé par HTS, continue d'évoluer à mesure qu'il consolide son pouvoir et intègre des combattants étrangers dans des rôles militaires clés. Cependant, cette décision a sonné l’alarme dans les pays d’origine des combattants, où les inquiétudes concernant l’exportation de l’extrémisme et du terrorisme augmentent. L'avenir de la Syrie étant encore incertain, l'intégration de militants étrangers dans la structure du pouvoir syrien pourrait avoir des implications significatives sur la sécurité régionale et mondiale.