Le Premier ministre désigné du Liban, Nawaf Salam, a fait un geste public d'unité mardi, exprimant sa volonté d'engager toutes les factions du pays, y compris le puissant groupe terroriste Hezbollah soutenu par l'Iran, suite à sa nomination pour former le prochain gouvernement.
Salam, qui est actuellement juge président de la Cour internationale de Justice, a été officiellement désigné par le président Joseph Aoun après avoir obtenu le soutien d'une majorité de législateurs. Sa nomination marque un changement important dans le paysage politique libanais, dû en grande partie aux conséquences des lourdes pertes du Hezbollah lors de la guerre de l'année dernière contre Israël et aux récents changements dans les alliances régionales, notamment avec la Syrie.
L'appel de Salam en faveur d'un nouveau chapitre au Liban mettait l'accent sur la justice, la sécurité, le progrès et les opportunités. Il a exprimé son ferme engagement à reconstruire le pays après la guerre dévastatrice entre Israël et le Hezbollah. Le discours de Salam a souligné la nécessité de mettre en œuvre la résolution 1701 de l'ONU, qui exige le retrait d'Israël des territoires contestés, comme pierre angulaire de la reconstruction du Liban.
Malgré cette rhétorique pleine d'espoir, le Hezbollah et son allié, le mouvement chiite Amal, seraient mécontents de la nomination de Salam. Les deux factions détiennent tous les sièges parlementaires libanais réservés aux musulmans chiites et ont indiqué qu'elles n'avaient pas l'intention de rejoindre le gouvernement de Salam. Leur opposition pourrait aggraver les divisions sectaires existantes au Liban, à moins que Salam ne parvienne à les persuader de reconsidérer leur décision.
Un changement inattendu dans le soutien politique
Le soutien de Salam par 84 des 128 législateurs libanais, parmi lesquels des chrétiens, des druzes et des musulmans sunnites, constitue une réussite remarquable. Ce soutien bipartisan suggère un possible abandon de l’influence du Hezbollah. Cependant, la tension reste palpable, car le Hezbollah a historiquement exercé une influence significative sur ces nominations, utilisant sa puissance militaire considérable pour exercer un contrôle sur les décisions politiques du pays.
Salam a clairement indiqué que sa priorité était l'unité. « Mes deux mains sont tendues vers tout le monde », a-t-il déclaré, signalant qu’il n’entend exclure aucune faction politique, même le Hezbollah. Son ouverture au dialogue contraste avec les tactiques plus exclusives de ses prédécesseurs, ouvrant la voie à une période potentiellement transformatrice du climat politique du Liban.
Parmi les priorités de Salam figurent la réponse à l'explosion du port de Beyrouth en 2020, qui a tué au moins 220 personnes, et à la crise financière actuelle qui a conduit au gel de l'épargne des déposants par millions. Sa position sur la corruption et la responsabilité a trouvé un écho auprès du public libanais, de plus en plus frustré par l'incapacité de l'élite politique à résoudre ces questions cruciales.
Malgré les défis politiques qui l'attendent, Salam reste optimiste quant à l'avenir du Liban. Il a souligné que le pays ne peut plus se permettre de gâcher des opportunités, reconnaissant que seul un effort collectif peut sortir le Liban du bord de l'effondrement.