Mercredi soir, des manifestations ont éclaté dans tout Israël, des manifestants de droite exprimant leur forte opposition au projet d'accord de cessez-le-feu dans la guerre à Gaza. L’accord, qui pourrait aboutir à la libération des otages israéliens détenus par le Hamas, a déclenché un débat féroce sur la sécurité nationale et celle des Israéliens.
Les manifestants, dont des familles endeuillées qui ont perdu des êtres chers dans le conflit en cours, se sont rassemblés devant le bureau du Premier ministre à Jérusalem, campant sous des tentes pendant la nuit. Leur principale préoccupation est le risque que l'accord laisse derrière lui de nombreux otages, ainsi que ses dispositions prévoyant la libération de centaines de prisonniers de sécurité palestiniens, y compris ceux reconnus coupables de terrorisme. Les manifestants avertissent que cela pourrait mettre en danger la sécurité d'Israël et conduire à de nouvelles violences.
L'accord de cessez-le-feu, négocié indirectement entre Israël et le Hamas, propose une libération progressive de 33 otages israéliens au cours des 42 prochains jours, avec la possibilité de libérer les 65 otages restants après de nouvelles négociations. Cependant, les termes restent flous et Israël a déclaré que rien n'était garanti quant à la poursuite de la trêve, craignant une reprise des combats.
L'accord comprend également des dispositions prévoyant la libération d'environ 1 000 prisonniers palestiniens, dont plus de 150 sont des terroristes reconnus coupables d'attaques meurtrières contre des Israéliens. Cela a suscité de vives protestations de la part de groupes de droite, tels que le Forum Gvura, qui représente les familles endeuillées, et le Forum Tikva, un groupe de familles d'otages et de soldats tombés au combat. Les deux forums affirment que l’accord compromet la sécurité israélienne en libérant des individus dangereux, ouvrant ainsi la voie à de futures attaques.
La position divisée du gouvernement
Au sein du gouvernement israélien, l'accord de cessez-le-feu a créé de profondes divisions. Des ministres d'extrême droite, dont le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont menacé de quitter le gouvernement à moins que l'accord ne garantisse une voie claire vers la reprise des opérations militaires visant à détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas.
Malgré cette opposition, l’accord est susceptible d’être adopté car il existe toujours une majorité au sein du cabinet qui soutient le cessez-le-feu. Toutefois, les retombées politiques de l'accord restent incertaines, et les protestations devraient se poursuivre tant que les termes de l'accord resteront dans les limbes.
Le dilemme des familles d’otages
Alors que les groupes de droite restent fermement opposés au cessez-le-feu, certaines familles des otages ont exprimé un soutien prudent à l'accord, reconnaissant qu'il apporte l'espoir d'un retour sain et sauf de certains de leurs proches. Cependant, ils soulignent que le combat ne prendra fin que lorsque les 98 otages seront libérés de Gaza, et qu'Israël doit rester déterminé à mettre pleinement en œuvre l'accord.
L’annonce de l’accord a également suscité des émotions mitigées parmi l’opinion publique israélienne, aux prises avec la réalité de la crise des otages, qui a commencé après l’attaque du Hamas du 7 octobre. Depuis lors, 94 Israéliens ont été retenus captifs, le sort des autres otages restant encore incertain.